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vendredi 1 juin 2012

Les 10 raisons pour lesquelles il faut faire de la broderie aux garçons. ( et aux filles)



Les 10 raisons pour lesquelles il faut faire de la broderie aux garçons. ( et aux filles) 
  1.  Parce qu’un point de croix mal fait, c’est une vraie catastrophe.
  2.  Parce que faire passer un fil dans le chais d’une aiguille, c’est compliqué, précis, ça prend du temps, mais ç’est de plus en plus facile avec un peu d’entrainement.
  3.  Parce que, malgré l’entrainement, c’est rageant de voir sortir le fil, et il faut alors faire attention à bien tenir l’aiguille.
  4. Parce que dans la broderie, l’envers est aussi important que l’endroit.
  5. Parce que chaque geste compte dans le travail de broderie, et chaque erreur se voit
  6. Parce que les erreurs, en broderie, ne se rattrapent pas.
  7. Parce que la broderie est un passe temps, ce qui suppose que le brodeur dispose de, et maîtrise  son temps. 
  8. Parce qu’on ne peut pas  faire de la broderie et penser en même temps.
  9. Parce qu’il n’y a pas de touche « reset » en broderie, ni plusieurs vies.
  10. Parce que la broderie, c’est la vraie vie.

dimanche 13 mai 2012

L’édition française à la découverte de Dany LAFFERIERE…. Et nous ?



 ( A propos de « Chronique de la dérive douce »)



Après  lui avoir décerné  le prix RENAUDOT  en 2008, pour l’énigme du retour, la France du  livre  semble plus que jamais  prête à reconnaitre    L’écrivain Haïtien,  publié depuis 2005 chez Grasset avec « le Goût des jeunes filles ».

En effet,  les éditions Grasset  viennent  de   rééditer  « Chronique de la dérive douce » publié  en 1994 au QUEBEC (éditions BOREAL),  ou Dany LAFFERIERE  fait depuis longtemps partie du paysage médiatique, littéraire et intellectuel.

C’est l’occasion pour nous, ici, en Martinique  alors qu’il est à portée de main,  grâce à une promotion plus visible de ses ouvrages, (encourageons les libraires…et les hypermarchés) , de découvrir, ou  plutôt de le  redécouvrir , puisqu’il s’est vu, ici, justement,  décerner    en 1991  le Prix Carbet de la Caraïbe, pour L'Odeur du café et en 2000  le Prix Carbet des Lycéens, pour Le Cri des oiseaux fous.

A ce titre, nous pouvons être fiers d’avoir été les premiers à lui avoir décerné des prix littéraires, lesquels   ont, nombreux,  depuis,  enrichi son palmarès.

Que pouvons-nous alors ajouter à la critique littéraire de « la Chronique de la dérive douce », qui fait déjà foison sur les  sites Canadiens ?




.....



Il y a des écrivains auxquels on peut  faire confiance. Dany LAFFERIERE  est de ceux là. Son livre « Chronique de la  dérive douce. »  est une promesse tenue, même si il ne faut pas se fier à son titre.

Il aurait pu en effet le titrer « Chronique de la dérive douce amère, ou de la dérive dure », et si tout n’est pas doux, dans cette chronique, loin s’en faut,   Dany LAFFERIERE  a  un talent sur :    il sait faire  deux choses à la fois : Dire et  ne pas dire. Il peut donc dire « douce », nous verrons plus loin pourquoi.

« Chronique  de la  dérive douce. »  nous ramène aux  premières années de l’écrivain,  en  terre d’exil, au Canada.  « Si le temps est circulaire et si c’est la terre qui tourne autour du soleil, je n’ai qu’à rester ici pour voir repasser l’époque ….. »[i]   nous dit-il. C’est  sûrement  vrai.

Chronique  de la  dérive douce est à ce titre  le retour d’un homme de 41 ans sur la dérive du jeune homme qu’il fut à 23 ans, fraîchement débarqué en 1976 à Montréal. Il n’a gardé, aux pages de « Chronique de la dérive douce », 18 ans après, qu’essence et  gravité avec un zeste de ce qui peut ressembler à de la légèreté, et que nous nommerons charme. Il raconte  ainsi, au fil finement tissé des pages, son quotidien avec  une économie de mots et une abondance de sens qui en font des pages qui sonnent juste.


Pour en  revenir au titre, Dany LAFFERIERE  nous amuse  quand il  évoque, dans sa « Chronique »,  de sa lecture, entre autres, de « Jours tranquilles à Clichy » ,de Henry MILler, en ces termes : «  Jours  tranquilles à Clichy, dernier livre acheté à la librairie(…) j’ai pu comprendre assez vite  que les jours de Miller à Clichy n’étaient pas  vraiment calmes. Je devais m’y attendre  car ce serait  trop simple, même pour un miller  qui joue souvent au Naïf, d’annoncer  aussi  bêtement  la marchandise »   car il nous fait la même farce avec « Chronique de la  dérive douce ».

En effet,  si on comprend, en le lisant,  qu’il a passé quelques moments agréables dans les bras de quelques jeunes étudiantes et femmes en amour pour lui dans l’hiver de Montréal, on comprendra  aussi , que son exil forcé , à 23 ans,  après la mort de son meilleur  ami Richard GASNER, éliminé par la dictature de Duvalier, l’a exposé au douloureux déracinement de  l’Haïtien qu’il est jusqu’au bout de  l’âme, et aux conditions de l’anéantissement de sa dignité  .

L’écrivain, qui  décrira plus tard à son œuvre Haïti,  ses couleurs, sa chaleur, sa musique, son humanité tragique et joyeuse, décrit ici son exil  vers  un hiver étranger et gris, une ville impersonnelle  ou il se retrouve pauvre, affamé, un temps clochard, ou membre  de la classe ouvrière la plus misérable, celle des  immigrés pauvres, avec ou sans papiers.

Et  cette  période n’a pas du être pour ce jeune homme,  véritable prince parmi les siens en Haïti,  d’une douceur particulière, mais assurément un  choc d’une rudesse extrême qu’il tait entre les lignes, qu’il n’exhibe jamais, sans pour autant le faire disparaître, mais qu’il enveloppe dans le  charme et la subtilité  grave de son écriture élégante et économe,  et  qu’on imagine alors sans faire le moindre effort.  

C’est  sûrement de la douceur de  la  dérive du lecteur, bousculé en se croyant chouchouté entre ses pages que traite  le titre,  en  finale.

C’est là  que l’écrivain dit sans dire, et  fait plus que  dire, fait plus  qu’écrire, transmet.

Dany LAFFERIERE a une manière de  voir le monde, et l’intelligence ce monde, d’où qu’il parle, quoi qu’il  écrive ou pas, nous parvient.

L’écrivain  sait  taire l’invisible,  et le  faire  résonner, dans ce portait de lui-même et de sa terre d’accueil, de cette rencontre.

Enfin, la  deuxième chose qu’a dite Dany LAFFERIERE a propos de son écriture en dit long  sur sa qualité d’écrivain : « ... Vous n'aurez pas de grand livre de moi, tout sera moyen, égal. Mon obsession, quand j'écris, c'est qu'on ne puisse pas me citer. »[1]  Et  c’est  absolument exact.

Au moins la  deuxième partie de  ce propos. Je ne  citerai donc pas ou presque pas d’extrait de  Chronique d’une dérive douce pour l’illustrer, car j’en suis  incapable, et c’est tant mieux.

Dany LAFFERIERE  a rassemblé plusieurs de ses livres sous un  chapitre « autobiographie américaine », dans laquelle  s’inscrit cette  chronique, et c’est vrai  qu’au-delà des  sujets traités, on se régale d’un style  simple, évident, ciselé, sobre, direct, imagé sans trop en faire, où l’idée, grave sans en avoir l’air, juste  sans hurler à la justesse,  est découpée en quelques mots choisis avec grâce.

Une musique douce, quasi silencieuse, parfaitement harmonique. Une  vrai  oasis de fraîcheur, de simplicité et de sobre intelligence pour les lecteurs que nous sommes.

Lisez Chronique d’une dérive douce, et lisez tout ce Dany LAFFERIERE  a écrit. Vous ne serez pas déçus, vous  passerez de  délicieux moments avec un écrivain  qui se fait un humble devoir de chouchouter ses lecteurs tout en leur transmettant la  gravité de ses raisons d’écrire, l’air de rien. Du grand art.

Quand vous  aurez  fini  ses livres,  vous  aurez compris les dernières phrases de  son interview de 2011  « Ne pas faire de littérature, cela demande beaucoup de travail ? DL : C’est énorme. En plus, vous ne serez jamais cité comme un grand écrivain. Il n'y a rien de plus facile qu'être un grand écrivain. Faire un livre moyen, être juste un bon écrivain : ça, c'est difficile. ».




Tout ce travail, juste pour un immense plaisir de lecture. Remercions ce grand écrivain, quoi qu'il en dise.









[1] Interview Télérama 11.06.2011 « Dany Laferrière : “Je ne suis pas obligé de crier ma créolité sur tous les toits”www.télérama.fr
      







[i] In « Je suis un écrivain japonais. » Grasset 2008.

jeudi 16 février 2012

Facebook ou la fin du langage ?


Lèvres serrées, yeux  grands ouverts et esprit agité. 


Devant le cadre blanc et  bleu facebook, les internautes  changent  le monde. 


On y a cru.On y croit  encore. Mais le  doute s’immisce. 


Les bordures fleurissent de publicités, et le clic s’aventure dangereusement vers ces icônes marchands. 


Bientôt, un seul doigt sera  utile, car  nous  risquons de n’avoir plus rien à dire, juste à  regarder,  et  à faire voir. 


Pour montrer, un seul doigt  suffit, pour écrire, il  faut un clavier, pour parler, il  faut une voix.


En même temps je dis ça, j’y suis plus, sur facebook,  il s’y passe peut être des choses extraordinaires, le débat d’idées y fleurit certainement,  les  téléphones sonnent peut être sans arrêt, et les invitations physiques s’y  donnent et  s’y rendent sûrement tous les jours.


Les profils s'animent,  se voient, les profils se touchent, s’embrassent, se fâchent en vrai, se réconcilient en vrai.


De franches poignées de mains s’échangent, tout comme les regards. 


Les mains se lèvent pour prendre la  parole, les mains applaudissent, les lèvres se desserrent, les  dents s’aventurent à l’extérieur, les  yeux se plissent. 


Les  internautes forment une  communauté d’hommes et de femmes, une vraie. Le monde  change, c'est la révolution! Il devient meilleur. 


On y  croit encore.... mais le doute progresse.

mercredi 8 février 2012

Pourquoi nos enfants doivent lire.



On dit toujours que les enfants doivent lire, ça parait évident, mais il m’en faut plus, je suis de la génération (née dans les années 70) à laquelle il faut tout expliquer, de celle qui remet tout en questions.

En lisant les aventures de Tom Sawyer, livre dont la quatrième de couverture précise, en bas à gauche,  « à partir de 10ans », invitation plus  engageante que les « -10 », qui s’affichent    au même endroit, sur les écrans de télévision, j’ai  désormais mon idée (à moi) du pourquoi, et je crois deviner pour quelle raison ce n’est plus évident pour des enfants d’aujourd’hui.

Rappelez vous, lire nous apportait des émotions, voire des sensations, et incarnait pour nous l’évasion.

Nos enfants, comme nous, ont aujourd’hui des émotions à en vomir, via le robinet, que dis je ! karsher de la télé, de la radio, des magazines, et écrans de toutes sortes.

Je comprends donc , aisément, qu’ivres de sensations, d’informations, d’illustrations plus vraies que nature, parfois en trois dimensions, et d’émotions fortes et contradictoires, ils n’aient plus, rassasiés,  la moindre envie d’aller en chercher dans la littérature.

A qui en demande t’on autant ?  Pas à nous, qui, souvent, une fois les enfants couchés, sautons sur notre  canapés pour …lire ? , non, boire le jus de la télévision,  câble et satellites compris.

Et bien, de quoi se plaint on, me direz vous ? Avec la télévision, et des programmes bien choisis, les enfants  apprennent, à haute dose, histoires, découvertes, géographie, science, etc. …ce que nous prenions des heures à chercher entre les pages….

Mais ce n’est pas  ça qu’il leur faut, loin s’en faut.

Car si on veut s’imaginer que c’est une  bonne  chose  d’absorber des émotions, de découvrir via les médias grand public , des  images exotiques, écouter des gens très informés relater, en mode  tonique  et communicatif ;  le flux de l’actualité,  toute cette ingestion, ou exposition perd tout intérêt, et ne présente aucune utilité  dans la vraie vie, si le « récepteur » n’est pas capable de  les traduire, dans un langage qui n’ aura d’ autre fonction, sinon d’incarner, d’illustrer, de jouer l’émotion, comme dans un film, série, téléfilm, même un documentaire, mais de décrire, d’analyser ce « spectacle » de formuler la tonne "d’idées" dont il fut abreuvé, mais sans le secours de l’ image, du geste, du spectacle, ou du bruit.

Or ce n’est que dans le silence de la pensée du lecteur, que l’écrit seul, la littérature, pourra faire découvrir des histoires, des personnages, des idées, un point de vue  sur la vie  suffisamment sophistiqué et abstrait  pour être utile, dans le monde "moderne" qu’on nous décrit comme  infiniment  complexe, désormais.

Par  exemple, les premières  lignes  des aventures de  Tom SAWYER se déroulent comme suit :

"La vieille dame abaissa ses lunettes sur son nez et lança un coup d’oeil tout autour de la pièce, puis elle les remonta sur son front et regarda de nouveau. Il ne lui arrivait pratiquement jamais de se servir de ses lunettes pour chercher un objet aussi négligeable qu’un jeune garçon. D’ailleurs, elle ne portait ces lunettes-là que pour la parade et les verres en étaient si peu efficaces que deux ronds de fourneau les eussent avantageusement remplacés, mais elle en était très fière. La vieille dame demeura un instant fort perplexe et finit par reprendre d’une voix plus calme, mais assez haut cependant pour se faire entendre de tous les meubles :"

Moi,   ça me suffit pour trouver que cela vaut bien plus q’une centaine  d’heures de programmes télévisés dits « éducatifs », ne parlons même pas des autres…

Nos enfants ont besoin, dans le silence de leur esprit,  de longues et  détaillées  descriptions, des paysages, des sentiments, des émotions, des attitudes, des confrontations, et ils ne pourront les trouver que dans des écrits de bonne  facture.


Ça va sans dire, mais disons que j'ai envie de le dire.

Ils en  ont besoin pour apprendre à parler, ils en ont besoin pour apprendre à  penser, pour apprendre à comprendre, pour apprendre à voir, en toute liberté.

Car sans ce langage, sans sophistication de la pensée, et de son expression,  ils se transformeront en acteurs de scénarios simples et « vendeurs »  savamment élaborés pour susciter  des émotions grossières non traduites en forme littéraire, forme qui seule permet une prise de distance.

Et nos enfants ne sont pas des pantins, nous sommes leur fée bleue, pas leur gepetto.

Donnons leur des livres, des bons livres, écrits par de vrais écrivains,  et éteignons la télévision, ils n’y trouveront rien d’équivalent, et jamais rien de  mieux.