On
dit toujours que les enfants doivent lire, ça parait évident, mais il m’en faut
plus, je suis de la génération (née dans les années 70) à laquelle il faut tout
expliquer, de celle qui remet tout en questions.
En
lisant les aventures de Tom Sawyer, livre dont la quatrième de couverture
précise, en bas à gauche, « à
partir de 10ans », invitation plus
engageante que les « -10 », qui s’affichent au même endroit, sur les écrans de
télévision, j’ai désormais mon idée (à
moi) du pourquoi, et je crois deviner pour quelle raison ce n’est plus évident
pour des enfants d’aujourd’hui.
Rappelez
vous, lire nous apportait des émotions, voire des sensations, et incarnait pour
nous l’évasion.
Nos
enfants, comme nous, ont aujourd’hui des émotions à en vomir, via le robinet,
que dis je ! karsher de la télé, de la radio, des magazines, et écrans de toutes sortes.
Je
comprends donc , aisément, qu’ivres de sensations, d’informations, d’illustrations plus vraies
que nature, parfois en trois dimensions, et d’émotions fortes et contradictoires,
ils n’aient plus, rassasiés, la moindre
envie d’aller en chercher dans la littérature.
A
qui en demande t’on autant ? Pas à
nous, qui, souvent, une fois les enfants couchés, sautons sur notre canapés pour …lire ? , non, boire le jus
de la télévision, câble et satellites
compris.
Et
bien, de quoi se plaint on, me direz vous ? Avec la télévision, et des
programmes bien choisis, les enfants
apprennent, à haute dose, histoires, découvertes, géographie, science,
etc. …ce que nous prenions des heures à chercher entre les pages….
Mais
ce n’est pas ça qu’il leur faut, loin
s’en faut.
Car
si on veut s’imaginer que c’est une
bonne chose d’absorber des émotions, de découvrir via les
médias grand public , des images
exotiques, écouter des gens très informés relater, en mode tonique
et communicatif ; le flux de
l’actualité, toute cette ingestion, ou
exposition perd tout intérêt, et ne présente aucune utilité dans la vraie vie, si le
« récepteur » n’est pas capable de les traduire, dans un langage qui n’ aura d’
autre fonction, sinon d’incarner, d’illustrer, de jouer l’émotion, comme dans
un film, série, téléfilm, même un documentaire, mais de décrire, d’analyser ce
« spectacle » de formuler la tonne "d’idées" dont il fut abreuvé, mais sans
le secours de l’ image, du geste, du spectacle, ou du bruit.
Or
ce n’est que dans le silence de la pensée du lecteur, que l’écrit seul, la
littérature, pourra faire découvrir des histoires, des personnages, des idées, un
point de vue sur la vie suffisamment sophistiqué et abstrait pour être utile, dans le monde "moderne" qu’on nous décrit comme infiniment
complexe, désormais.
Par exemple, les premières lignes des aventures de Tom SAWYER se déroulent comme suit :
"La vieille dame abaissa ses lunettes sur son nez et lança un coup d’oeil tout autour de la pièce, puis elle les remonta sur son front et regarda de nouveau. Il ne lui arrivait pratiquement jamais de se servir de ses lunettes pour chercher un objet aussi négligeable qu’un jeune garçon. D’ailleurs, elle ne portait ces lunettes-là que pour la parade et les verres en étaient si peu efficaces que deux ronds de fourneau les eussent avantageusement remplacés, mais elle en était très fière. La vieille dame demeura un instant fort perplexe et finit par reprendre d’une voix plus calme, mais assez haut cependant pour se faire entendre de tous les meubles :"
Moi,
ça me suffit pour trouver que cela vaut
bien plus q’une centaine d’heures de
programmes télévisés dits « éducatifs », ne parlons même pas des
autres…
Nos
enfants ont besoin, dans le silence de leur esprit, de longues et
détaillées descriptions, des
paysages, des sentiments, des émotions, des attitudes, des confrontations, et
ils ne pourront les trouver que dans des écrits de bonne facture.
Ça va sans dire, mais disons que j'ai envie de le dire.
Ça va sans dire, mais disons que j'ai envie de le dire.
Ils
en ont besoin pour apprendre à parler,
ils en ont besoin pour apprendre à penser,
pour apprendre à comprendre, pour apprendre à voir, en toute liberté.
Car
sans ce langage, sans sophistication de la pensée, et de son expression, ils se transformeront en acteurs de scénarios
simples et « vendeurs » savamment
élaborés pour susciter des émotions grossières
non traduites en forme littéraire, forme qui seule permet une prise de
distance.
Et
nos enfants ne sont pas des pantins, nous sommes leur fée bleue, pas leur
gepetto.
Donnons
leur des livres, des bons livres, écrits par de vrais écrivains, et éteignons la télévision, ils n’y trouveront
rien d’équivalent, et jamais rien de
mieux.
entièrement d'accord...
RépondreSupprimeravec une pointe de "conspiray theory" (conseils de lecture pour les grands: "1984", "Brave New World" et "Fahrenheit 451"), j'allais dire: aujourd'hui, "eux" n'ont plus besoin de brûler et/ou interdire les livres, il suffit de donner un accès à la télé à tous...
PS: si tu pourrais supprimer les guillemets dans la citation, ce serait plus compréhensible...
C'est fait,merci :)
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