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mercredi 8 février 2012

Pourquoi nos enfants doivent lire.



On dit toujours que les enfants doivent lire, ça parait évident, mais il m’en faut plus, je suis de la génération (née dans les années 70) à laquelle il faut tout expliquer, de celle qui remet tout en questions.

En lisant les aventures de Tom Sawyer, livre dont la quatrième de couverture précise, en bas à gauche,  « à partir de 10ans », invitation plus  engageante que les « -10 », qui s’affichent    au même endroit, sur les écrans de télévision, j’ai  désormais mon idée (à moi) du pourquoi, et je crois deviner pour quelle raison ce n’est plus évident pour des enfants d’aujourd’hui.

Rappelez vous, lire nous apportait des émotions, voire des sensations, et incarnait pour nous l’évasion.

Nos enfants, comme nous, ont aujourd’hui des émotions à en vomir, via le robinet, que dis je ! karsher de la télé, de la radio, des magazines, et écrans de toutes sortes.

Je comprends donc , aisément, qu’ivres de sensations, d’informations, d’illustrations plus vraies que nature, parfois en trois dimensions, et d’émotions fortes et contradictoires, ils n’aient plus, rassasiés,  la moindre envie d’aller en chercher dans la littérature.

A qui en demande t’on autant ?  Pas à nous, qui, souvent, une fois les enfants couchés, sautons sur notre  canapés pour …lire ? , non, boire le jus de la télévision,  câble et satellites compris.

Et bien, de quoi se plaint on, me direz vous ? Avec la télévision, et des programmes bien choisis, les enfants  apprennent, à haute dose, histoires, découvertes, géographie, science, etc. …ce que nous prenions des heures à chercher entre les pages….

Mais ce n’est pas  ça qu’il leur faut, loin s’en faut.

Car si on veut s’imaginer que c’est une  bonne  chose  d’absorber des émotions, de découvrir via les médias grand public , des  images exotiques, écouter des gens très informés relater, en mode  tonique  et communicatif ;  le flux de l’actualité,  toute cette ingestion, ou exposition perd tout intérêt, et ne présente aucune utilité  dans la vraie vie, si le « récepteur » n’est pas capable de  les traduire, dans un langage qui n’ aura d’ autre fonction, sinon d’incarner, d’illustrer, de jouer l’émotion, comme dans un film, série, téléfilm, même un documentaire, mais de décrire, d’analyser ce « spectacle » de formuler la tonne "d’idées" dont il fut abreuvé, mais sans le secours de l’ image, du geste, du spectacle, ou du bruit.

Or ce n’est que dans le silence de la pensée du lecteur, que l’écrit seul, la littérature, pourra faire découvrir des histoires, des personnages, des idées, un point de vue  sur la vie  suffisamment sophistiqué et abstrait  pour être utile, dans le monde "moderne" qu’on nous décrit comme  infiniment  complexe, désormais.

Par  exemple, les premières  lignes  des aventures de  Tom SAWYER se déroulent comme suit :

"La vieille dame abaissa ses lunettes sur son nez et lança un coup d’oeil tout autour de la pièce, puis elle les remonta sur son front et regarda de nouveau. Il ne lui arrivait pratiquement jamais de se servir de ses lunettes pour chercher un objet aussi négligeable qu’un jeune garçon. D’ailleurs, elle ne portait ces lunettes-là que pour la parade et les verres en étaient si peu efficaces que deux ronds de fourneau les eussent avantageusement remplacés, mais elle en était très fière. La vieille dame demeura un instant fort perplexe et finit par reprendre d’une voix plus calme, mais assez haut cependant pour se faire entendre de tous les meubles :"

Moi,   ça me suffit pour trouver que cela vaut bien plus q’une centaine  d’heures de programmes télévisés dits « éducatifs », ne parlons même pas des autres…

Nos enfants ont besoin, dans le silence de leur esprit,  de longues et  détaillées  descriptions, des paysages, des sentiments, des émotions, des attitudes, des confrontations, et ils ne pourront les trouver que dans des écrits de bonne  facture.


Ça va sans dire, mais disons que j'ai envie de le dire.

Ils en  ont besoin pour apprendre à parler, ils en ont besoin pour apprendre à  penser, pour apprendre à comprendre, pour apprendre à voir, en toute liberté.

Car sans ce langage, sans sophistication de la pensée, et de son expression,  ils se transformeront en acteurs de scénarios simples et « vendeurs »  savamment élaborés pour susciter  des émotions grossières non traduites en forme littéraire, forme qui seule permet une prise de distance.

Et nos enfants ne sont pas des pantins, nous sommes leur fée bleue, pas leur gepetto.

Donnons leur des livres, des bons livres, écrits par de vrais écrivains,  et éteignons la télévision, ils n’y trouveront rien d’équivalent, et jamais rien de  mieux.

2 commentaires:

  1. entièrement d'accord...
    avec une pointe de "conspiray theory" (conseils de lecture pour les grands: "1984", "Brave New World" et "Fahrenheit 451"), j'allais dire: aujourd'hui, "eux" n'ont plus besoin de brûler et/ou interdire les livres, il suffit de donner un accès à la télé à tous...

    PS: si tu pourrais supprimer les guillemets dans la citation, ce serait plus compréhensible...

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